Pourquoi l’esprit a-t-il besoin de griffonner, d’esquisser des schémas, mêlant souvent lettres, lignes et couleurs ? Et si la pensée, dans sa naissance comme dans sa construction, était d’emblée image, et imagination graphique ?
Ces tracés inventifs, ces ébauches plus ou moins élaborées mais toujours mystérieuses, qu’ils soient de la main du poète, du mathématicien, du philosophe, du musicien, de l’architecte, ou de tout un chacun, nous les nommons des « grammes » – du grec gramma/grammè, « ligne, trait, dessin, écriture » –, parce que le mot rend aussi hommage à leur légèreté, leur ténuité, voire leur fragilité, qui les rendent plus vivants et plus singuliers. Trente-deux « grammes de pensée » ont été ici choisis, auxquels répondent respectivement trente-deux textes, qui voudraient offrir au lecteur comme un libre fil d’Ariane dans ces fascinants labyrinthes.