Comment naissent les grandes passions ? Pourquoi cet attrait pour les marionnettes ? Peut-être, étais-je moi-même une enfant carencée ? Cherchais-je à travers ces petits personnages un ami affectueux… Je me rappelle encore de ce loup, petit, timide, les oreilles tremblantes qui cherchait un compagnon… Comme tous les enfants émerveillés, je l’ai adoré immédiatement. Et tout ce qu’il disait touchait mon cœur… Je l’avais déjà rejoint dans son univers. Peu à peu, je lui accordais toute ma confiance, il devint mon ami. J’enviais sa liberté. Il disait ce qu’il voulait, ses rêves et ses problèmes, de façon innocente et spontanée. Je l’écoutais avec sympathie et un plaisir indicible. Comme ce loup me ressemblait quelque part, je m’identifiais à lui. Quand il avait peur de la sorcière, j’avais peur aussi. Toute ma haine et mon angoisse furent donc projetées sur cette horrible femme. J’étais émue quand il avait froid. Des frissons me parcouraient le corps. J’étais prête à tout pour le défendre. Avec lui, je luttais, franchissais les épreuves avec courage jusqu’à vaincre l’ennemie redoutée. J’étais forte de sa force, remplie de son courage et de sa malice. Ce loup me renvoyait ma propre image. Ce conte de fée m’avait rassurée. Il me semblait être plus grande, plus mûre… J’étais plus confiante, tout finirait par » s’arranger » un jour, il suffisait de suivre le modèle du loup… Je portais donc un regard plus serein sur le monde. Je désirais connaître l’artiste qui lui avait prêté vie. Plus tard, je fabriquais des marionnettes tout à fait originales de forme et de caractère. Elles sortaient des contes de fée. Puis, je suis devenue infirmière, art-thérapeute et j’ai transmis aux enfants cet héritage culturel grâce à un travail approfondi clinique et pédagogique. Cet ouvrage propose, à travers une recherche théorique et surtout pratique, une meilleure connaissance de la marionnette, des techniques d’animation sur le terrain, du dispositif choisi et des méthodes d’évaluation.