Nous nous appuyons ici sur l’hypothèse selon laquelle le mouvement intime de création aurait à voir avec le réel tel que conçu par Lacan. En effet, l’activité de création et la psychanalyse sont deux façons d’approcher le réel et de faire avec les zones obscures de l’être humain. Dans cette approche de l’art en tant que mouvement de création, il s’agit de saisir le lien qu’il peut y avoir entre ce qui est en mouvement, ou encore en cours d’advenir en tant que forme, et la forme elle-même en tant que produit. Ou encore, il s’agit de voir quel lien existe entre ce « pousse » à mettre en forme, à créer, le mouvement intime de l’artiste et la stabilité de ce qui sera produit, l’objet « d’art » en sa forme. Le mouvement créatif est considéré ici au sein même de la forme statique. Ainsi, la médiation par l’art fondée sur l’intime mouvement, la quête de soi ne relève donc ni de la représentation ni de la quête des intimités du sujet. Cette quête de soi passe par une expérience du vide, du rien, d’une incomplétude qui est la condition authentique d’ouverture pour créer. C’est précisément là l’un des enjeux éthiques de notre recherche clinique à propos de l’approche de l’intime part du sujet convoquée dans la création, et en particulier dans l’art-thérapie.
In: Annales médico psychologiques, 2015-07, Vol.173 (6), p.536-540