Violences et vieillissement : dossier

coord. par Philippe Thomas et Cyril Hazif-Thomas
2019
Public cible: aînés
Problématique:
Support: article
Langue: français

Au printemps 2018, à Plomodiern (29), l’association Breizh Neuropsychogériatrie et l’Institut national d’expression, de création, d’art et transformation se sont réunis en colloque autour du thème de la violence faite au vieillir. Vieillir, c’est se confronter à une violence contenue dans le paradoxe même de l’accumulation des années. Rien n’est plus inattendu que de se découvrir vieux, et rien n’est plus logique que de vieillir. Cette dimension subjective, personnelle, va de pair avec les transformations intersubjectives et les relations sociales. Vieillir signifie faire face à des modifications physiques et psychologiques, parfois à la maladie, à des altérations des diverses capacités physiologiques ainsi qu’à de nouveaux modes relationnels moins marqués qu’autrefois du sceau de l’efficacité. La violence au vieillir est symbolique mais aussi parfois, hélas, plus concrète .Les interrelations entre les personnes âgées et la société sont loin d’être toujours harmonieuses. L’accueil des personnes âgées est variable selon les individus, leur histoire de vie, et selon les familles ou les milieux. Nous étudierons quelques aspects des violences faites au vieillir, en posant la question du sens et du non-sens sous-jacents à celles-ci. Une personne âgée doit-elle être regardée avec le prisme d’un handicap en puissance ou déjà présent? Des barrières sociales se creusent entre les générations, parfois activées par des décideurs, quand des associations et des praticiens du soin aux personnes âgées se battent pour maintenir l’esprit et l’application de notre constitution fondée sur l’égalité de tous les citoyens. Une personne handicapée, même âgée, est, jusqu’à preuve du contraire, autonome. Ainsi certains parlent de limiter le droit de conduire aux personnes âgées, pourtant moins impliquées dans les accidents. Pourquoi ne pas étendre l’évaluation périodique à la conduite automobile à toutes les catégories sociales comme dans certains pays? Les adultes âgés et très âgés autonomes, les «longévifs» valides, sont de plus en plus nombreux. Et ils sont de moins en moins satisfaits d’être considérés comme des exclus, «socialement vieux», refusant cet étiquetage. Toute catégorisation est la porte ouverte à une discrimination. Alors on ne doit pas regarder les nonagénaires comme des survivants. L’enjeu n’est pas d’adapter la société au vieillissement, mais bien d’adapter la société à la longévité.
Contient: Les violences faites au vieillir / Philippe Thomas. Vieillir, une violence qui ne dit pas son nom / Philippe Thomas, Cyril Hazif-Thomas. Vulnérabilité liée à l’âge et troubles mnésiques / Cyril Hazif-Thomas, Philippe Thomas. Salariés âgés, maltraitances au travail / Michel Botbol. Approche des violences au vieillissement des femmes / Catherine Morice-Chauveau, Michel Gourlaouen Guillou. Quand l’art-thérapie interroge nos certitudes / Catherine Morice-Chauveau
In: Soins. Gérontologie : la revue de tous les acteurs du soin auprès des personnes âgées. – Issy-les-Moulineaux. – no.137(mai-juin 2019), p. 11-26